jeudi 29 mai 2008

Flock

Ce blog est consacré à la découverte de la Chine, mais je dois confesser que je reste un geek dans l'âme.

Donc aujourd'hui je vais vous parler d'un petit logiciel assez sympathique que j'utilise de plus en plus: Flock.

Flock est un navigateur social. Derrière ce terme étrange se cache l'idée de créer un navigateur web optimisé pour ce que l'on appelle couramment le web 2.0: les sites de partage de photos et vidéos comme YouTube, Flickr ou Picasa, les réseaux sociaux comme Facebook ou Myspace, les Blogs, les applications étranges comme Twitter, etc.

A la base, il s'agit d'un firefox amélioré (pour les pointilleux, il s'agit d'un firefox 2.0, et Flock devrait être porté sous la 3.0 pendant l'été), avec un certain nombre d'onglets supplémentaires pour les différentes activités sociales disponibles:

- un panneau dédié à la liste de nos amis sur Facebook, Flickr, etc. qui indique leur état de connection, leurs dernières activités sur ces sites, etc.
- un panneau média, qui montre les dernières photos ou vidéos postés sous YouTube selon les tags qui nous intéressent, ou postés sous Flickr/Picasa par nos amis, etc. Plus intéressant encore, si jamais une page sur laquelle on surfe contient un flux RSS média, on peut aussi l'ajouter en favori et le visualiser dans ce panneau dès que ce flux est mis à jour.
- un bouton permettant d'écrire directement dans un blog (que ce soit blogger, overblog, ou autre) sans se connecter au site: une simple fenêtre s'ouvre et permet de tapoter son post, de le sauver ou de le publier
- un bac à sable dans lequel on peut déposer des liens ou des photos que l'on pourra ensuite envoyer par mail ou montrer sur notre blog
- une interface simple pour uploader photos et vidéos vers vos sites favoris.
- une bonne intégration avec gmail et yahoo.

L'interface elle-même est carrément classe (ne pas se fier au flou...):



Bref, un bien joli logiciel, qui a certes quelques défauts (il n'a pas encore la rapidité de firefox 3.0, les extensions de firefox ne fonctionnent pas toujours avec, et nombre de sites ne sont pas encore supporté), mais vraiment très utile pour tous ceux qui utilisent beaucoup les sites web 2.0

Et comme il s'agit d'un navigateur basé sur firefox, cette petite chose est disponible sous Windows, GNU/Linux et MacOS :)

Blogged with the Flock Browser

mercredi 28 mai 2008

Wangjing

Ca y est, l'eau chaude est arrivée (enfin), le bureau et les chaises aussi, et ma connection ADSL semble correcte. Je n'ai plus qu'à attendre ma bibliothèque (nécessaire vu la pile de bouquins) et les rideaux (pour éviter les réveils intempestifs à 5h30 du mat') et je pourrais me considérer comme vraiment installé.

Parmi les bonnes surprises: chauffage au gaz, ce qui me permettra de ne pas connaître les mêmes rigueurs que l'hiver dernier. Plaques au gaz également, ce qui signifie que je vais enfin pouvoir recommencer à cuisiner.

Je fus hier soir, après un post sur un forum d'expat de Pékin, contacté par d'autres rôlistes exilés... Longues discussions et tout aussi longues bières sur une terrasse dans une rue perdue où nous étions les seuls laowai. Un vrai bonheur.

Et je vais tout de même vous parler un peu de mon quartier (enfin, de ce que j'en ai vu pour le moment).

Wangjing se trouve donc situé entre le 4ème et le 5ème périphérique. C'est notamment le quartier des industries télécoms: Nokia, Ericsson, Alcatel-Lucent, Nortel, Motorola, etc. ont toutes leur centre de recherche ici.

Mais c'est surtout le quartier... coréen. Ce qui signifie qu'une grande partie de la population est étrangère, mais que je dois quand même être le seul occidental dans le secteur. La plupart des panneaux sont sous-titrés en Coréen et parfois en anglais, on trouve pas mal de restaurants coréens, etc... Encore une bonne touche d'exotisme.

Je me rends d'ailleurs vite compte, vu la façon dont je suis dévisagé, que les laowai (occidentaux) ne sont vraiment pas fréquents dans le quartier.

Toutes les rues sont larges, droites, et soit Nord/Sud, soit Est/Ouest... pas de fantaisies à ce niveau-là. J'ai commencé à faire le tour des restaurants, découvrant notamment un plat qui semble sichuanais: des bananes caramélisées et recouvertes de sésame... appelés 'Bodhi' en anglais (les amateurs de Baldur's Gate apprécieront), ce fut à la fois délicieux et atroce pour ma ligne...

Pour terminer, un lien vers un article très intéressant sur les changements des derniers temps en Chine (d'un blog qui l'est tout autant pour tous ceux qui s'intéressent à la rencontre des cultures chinoise et occidentale).


lundi 26 mai 2008

Arrivée à Pékin

Je vous avais laissé au milieu de mon appartement presque vide à Shanghai... Histoire d'agrémenter mes aventures, je joins quelques photos qui n'ont rien à voir :)

Le lendemain matin eut lieu le checkout le plus rapide que j'ai jamais connu. J'ai l'habitude des longues procédures où les cuillères sont comptées une par une, où la moindre tache me vaut des cris d'orfraies sur la femme de ménage qui va devoir s'occuper de ça.
Là, j'ai juste reçut ma caution (moins les charges du derniers mois), un bref coup d'oeil pour vérifier que les meubles sont toujours là, et c'est tout... mes longs efforts pour nettoyer le frigo, le congélo, dépoussiérer, etc. se sont révélés vains.

Ensuite, direction l'aéroport. L'enregistrement des bagages fut plutôt long, mais mon excédent ne fut pas taxé (et pourtant je tapais à 5 kg de plus... je m'avoue soulagé). La présence de vin de Xitang dans ma valise ne posa pas de problème non plus.
Pas de retard cette fois-ci. Discussion dans l'avion avec mon voisin, producteur de film à Shanghai, allant à Beijing pour affaire.

Jardin de la Forêt du Lion à Suzhou

Une fois arrivé à l'aéroport de Beijing sous un soleil de plomb (34 degrés), je me lance dans la longue quête d'un taxi. Nous ne sommes pas à la gare de Hangzhou (15 minutes de queue) ni à l'aéroport de Hongqiao (25 minutes à chaque fois), donc tout va très vite. Le taxi refuse de m'emmener à Wangjing (mon nouveau quartier) car il ne connaît pas très bien les lieux. Il faut dire que c'est un nouveau quartier... l'équivalent en France serait un chinois arrivant à l'aéroport et donnant une adresse à dans un nouveau quartier de Saint-Quentin-en-Yvelines en ne sachant manifestement pas où il va ou comment il compte y arriver. Le garde en charge de l'organisation des taxis (qui vérifie qu'aucun passager ne tente de passer devant tout le monde) le force à m'accepter. Je sens que cela va se terminer de façon épique, mais le taxi finit par me laisser monter et en voiture pour Wangjing.

Evidemment, en arrivant le chauffeur ne connaît pas la rue. Je n'ai que mes maigres souvenirs de mes précédentes formations pour retrouver mon chemin dans ce dédale, mais la vue (ô combien bénie) d'un carrefour à côté d'un garage Renault (authentique) me permet de finalement retrouver mon chemin.

Xitang

Une fois arrivé, je rencontre ma charmante secrétaire (enfin, la secrétaire de notre département), qui m'annonce que l'appartement que je devais louer a finalement été attribué à quelqu'un d'autre... joie. Heureusement, deux autres appartements sont disponibles juste à côté.

S'ensuit une petite marche sous le soleil qui cogne (34 degrés hier après-midi), rencontre avec les damoiselles de l'agence (charmantes). Je découvre aussi que le coin est en plein travaux (moins charmant) mais mon expérience des travaux en Chine me permet de penser que ce sera bientôt terminé.

Roc de la gueule du tigre, à Yan Dang Shan

Le deuxième appartement visité, neuf et au 19ème étage, avec une vue plutôt sympa me permettant de voir des arbres (David, ne fais pas la moue... on peut voir des arbres depuis sa fenêtre dans une grande ville chinoise). S'ensuit alors un grand moment de marchandage dont je ne comprends que des bribes entre ma secrétaire et le proprio. Le ton monte, on se croirait dans une tragédie grecque, argumentant sur le fait que mon long séjour justifie une baisse de prix, que les charges devraient être incluses dedans, que je gagne bien ma vie donc qu'il n'y aura pas de retard de paiement, j'en passe et des meilleures. Nous nous en tirons finalement très bien (300 yuan par mois pour eau, gaz, électricité à volonté et abonnement adsl, et de nouveaux meubles ainsi qu'un frigo et un micro-onde seront rajoutés). Commence ensuite les discussions entre l'agence et le propriétaire pour la question des honoraires. Encore un grand moment mélodramatique...

Rendez-vous est donné le lendemain matin pour signer le bail et tout régler. Rapide dîner de raviolis, et je m'écroule bien vite. Le temps néanmoins de découvrir deux détails croustillants: internet ne marche pas, l'eau chaude non plus.

Yangze en amont des Gorges du Saut du Tigre

Aujourd'hui, arrivée au boulot, signature du contrat. Et d'un coup je reçois un coup de fil d'un chinois furibard. Je ne comprends pas trop ce qui lui prends, pense à une erreur. Et je reçois alors un coup de fil d'un collègue de Shanghai: mes bagages viennent d'arriver avec deux jours d'avance. Bien... Donc, pendant que nous continuons à compter les billets (3 mois de loyer plus un mois de caution en petite coupure, ça fait beaucoup), nous devons gérer les déménageurs.
Une fois tout cela terminé, direction le poste de police pour m'enregistrer. J'apprends qu'il faut d'abord aller au poste local à ma résidence, pour obtenir des papiers supplémentaires. Et on continue gentiment à jouer à la maison qui rend fou sous le cagnard... Après quelques péripéties, je parviens à obtenir mon papier magique qui me permettra de survivre aux contrôles de police pékinois.

L'après-midi est consacré à tenter de travailler un peu, puis à déménager mes bagages, à recevoir le technicien qui se charge de remettre ma connexion en bon ordre (le dialogue à ce niveau fut épique), à recevoir le frigo (déjà), la télé (utile pour les DVDs), les bidons d'eau pour la fontaine, et à mesurer l'étendue des dégâts sur mes bagages: tellement peu que ça en est risible.

Salon de l'appartement de Manu, Beijing

Et je vous parlerai de mon quartier dans les jours qui viennent...

samedi 24 mai 2008

Départ imminent

Jeudi soir eut lieu ma dernière journée de travail, et quelques bouteilles furent ouvertes pour l'occasion... ce qui ne m'empêcha pas de devoir quitter tard pour corriger un dernier bug urgent.

J'ai fait mes cartons hier. Les déménageurs sont arrivés cet après-midi, et ont embarqué tout ça. L'aide téléphonique des collègues fut bienvenue pour comprendre que mes DVD ne pouvaient pas partir par transport aérien et qu'il allait falloir les envoyer par le train. Du point de vue empreinte écologique, c'est mieux. Du point de vue finances, aussi (quoique 8 yuan le kilogramme reste très raisonnable. Du point de vue traitement des bagages, beaucoup moins - on verra bien la semaine prochaine quand tout cela va arriver.

Sinon, la torche olympique est passée hier à Shanghai. D'où une profusion de vendeurs de drapeaux olympiques ou chinois.

Et je m'évertue à trouver un moyen de garder l'adresse de ce blog (Shanghai) tout en en ayant une nouvelle (Manu lost in Beijing ou Manu lost in China... à voir) - à moi la longue exploration des options cachées de blogger.

On attend 38°C à Pékin lundi matin.

Et puis pour la forme, une petite photo des toits de Lijiang, puisque les derniers articles en manquent sérieusement...

mercredi 21 mai 2008

Derniers jours de boulot

Mon départ pour Beijing se rapproche. Dernières soirées dans les bars de Shanghai ce week-end. J'ignore si l'ambiance sera aussi festive dans la capitale du Nord.

3 jours de deuil national. Lundi matin, une semaine après le tremblement de terre, les sirènes ont retenti dans tout le pays pour trois minutes de silence. Impressionnant. J'avais appris que la même chose avait lieu chaque année à Nanjing pour se rappeler du Viol de Nanjing durant la seconde guerre mondiale.

A part ça j'ai remplacé le diaporama du Yunnan par celui de Beijing. Appréciez :)

dimanche 18 mai 2008

Mélancolie

La pluie s'abat sur Shanghai.

Dans une semaine je quitte cette ville pour Pékin. Voilà presque onze mois que je suis arrivé, et j'ai toujours l'impression qu'il y a à peine un mois, je sortais de la station de métro de Nanjing Lu, trempé, avec mon unique valise en main, cherchant mon hôtel et me demandant ce que je faisais là.

Onze mois déjà. Je parcours ce blog plein de nostalgie, me rappelant des évènements que j'aurais oublié sinon: les dix heures de car pour aller à Yan Dang Shan, les compétitions de natation, les tempêtes de neige du Nouvel An, l'inondation de mon appartement, mon premier Karaoke, etc...

Je me rappelle aussi de tout ce que je n'ai pas écrit: la rencontre avec Maria-Victoria dans les Cangshan, près de Dali, la peur au ventre le long des Gorges du Saut du Tigre, le taxi incapable de retrouver mon auberge de jeunesse à Nanjing, etc.

Mélancolie encore en repensant au Sichuan. Beaucoup d'images trottent dans ma tête. Je me demande ce que sont devenus les gens que j'avais pu rencontrer là-bas: un barman de Chengdu qui criait 'Vive l'amitié franco-chinoise' (du moins c'est ce que j'avais pu comprendre - il ne parlait pas anglais), une jeune fille qui m'invita à danser le cha-cha, la serveuse d'une maison de thé de Guangyuan qui voulait améliorer son anglais, le chauffeur intrépide qui nous a ramené de Dujiangyan à Chengdu... J'espère qu'ils ont survécu.

Je ne sais pas encore si je vais renommer ce blog, le fermer à la fin de la semaine pour en ouvrir un autre... Il semble que beaucoup de gens s'y soient connectés depuis que je l'ai rouvert.

Il me reste beaucoup de choses à raconter: parler encore et encore d'Hangzhou, du Bouddha de Leshan, des Gorges du Saut du Tigre, des Maisons de Thé, de l'Opéra de Chengdu, de la cuisine Sichuanaise, du Royaume Céleste, des Grands Classiques Chinois, etc.

mercredi 14 mai 2008

Tristes lendemains

Ambiance morose au bureau ces jours-ci... quand je me déplace je vois souvent des collègues faisant défiler les images des dégâts du séisme sur leur écran.
Calme inhabituel.
Le bilan du tremblement de terre s'alourdit d'heure en heure. Je n'ose pas demander de nouvelles aux collègues venant du Sichuan. J'ai du mal à me faire à l'idée que j'étais sur les lieux (à Dujiangyan) il y a quelques mois de cela.

lundi 12 mai 2008

C'est comme un tremblement de terre...

Et oui, la vie en Chine est toujours pleine de petites surprises.

Par exemple quand on sent trembler son immeuble...

Je ne travaillais pas après mon retour de week-end à Hangzhou, et j'ai ressenti des vertiges. Un peu inquiétant quand même. Quelques minutes plus tard, je découvrais sur Internet que ce n'était pas un accès de faiblesse mais l'effet d'un tremblement de terre de magnitude 7,8 dont l'épicentre est situé dans le Sichuan, et qui a atteint Shanghai, Beijing et Bangkok... rassurant.

Pas de victime visiblement à Shanghai - mes collègues l'ont ressenti au bureau, mais pas de dégât et l'ami David semble avoir plus de peur que de mal d'après ses derniers mails.

A voir le paysage autour, je n'ai pas l'impression qu'il y ait de gros dégâts matériels.

A part ça, le Japon n'a pas lancé d'alerte au tsunami... C'est déjà ça.

vendredi 9 mai 2008

Préparatifs de départ pour Hangzhou

Dernier jour d'une semaine relativement paisible. Les préparatifs pour mon déménagement à Beijing ont déjà commencé. Plus que quinze jours dans l'Est de la Chine... la vie va définitivement trop vite.


Ce week-end se passera à Hangzhou, histoire de profiter une dernière fois du Lac de l'Ouest avant de partir vers le Nord. Il est d'ailleurs intéressant de noter que ce dernier a eu une certaine influence sur l'art du jardin.
En effet, l'une des parties du Palais d'Eté à Beijing est une copie du Lac de l'Ouest. Par ailleurs, il existe à Hiroshima (merci l'ami Brunet pour cette information :) ) un jardin conçu d'après ce lac.

Je me rends d'ailleurs compte que j'ai finalement bien peu parlé d'Hangzhou dans ce blog, tout en y ayant passé plusieurs week-end. C'est sans conteste l'une des cités les plus agréables de Chine, à la fois paisible et dynamique, mêlant nature et urbanisme. Il me faudra sans doute de très longs articles pour parler de tout ce qui fait son charme. En attendant, voici quelques photos pour vous mettre en appétit:




mercredi 7 mai 2008

Littérature électronique

Je tiens tout de suite à préciser que je suis plutôt un intégriste du livre, un chantre du papier et un inconditionnel de la reliure.

Le contact charnel avec un ouvrage, l'odeur du papier neuf ou du grimoire qui n'a pas été ouverts depuis longtemps sont une partie intégrante du plaisir de la lecture. J'ai beau être technophile, je n'éprouve pas autant de bonheur à lire devant un écran que sur cet objet millénaire.

Malheureusement, j'habite Shanghai, qui n'est pas exactement le centre culturel du monde (ni d'ailleurs de la Chine). Et la visite du Foreign Book Store de Beijing me donne l'impression que la situation littéraire n'aura guère changé lorsque j'aurais déménagé. Les ouvrages en anglais sont sont très souvent des best-sellers ne m'intéressant guère, des classiques que j'ai déjà lus (et Balzac en anglais, il y a mieux), ou des Les boutiques en ligne occidentales ont des frais de port délirants, les chinoises offrent assez peu de variété question littérature occidentale, et les vols vers les endroits où l'offre est plus riche sont hors de prix.

Je finis donc par me poser vraiment la question du livre électronique: l'avez-vous déjà essayé? Sur quel support? Quelles sensations avez-vous éprouvé avec? (je rappelle que les commentaires sont ouverts :) )


Bien avant le livre électronique: Textes gravés dans la pierre à Yan Dang Shan


Ce qui m'amène à second point: l'importance de l'édition électronique en Chine.

Il y a énormément d'ouvrages chinois aisément accessibles sur Internet: classiques numérisés, traductions officielles ou non d'ouvrages occidentaux, dont les plus récents, ainsi que la majeure partie des textes chinois récents.

En fait, contrairement à la situation occidentale, le Web est beaucoup plus vu comme une chance par les éditeurs que comme une menace. Bon nombre (et à ce niveau-là, je parle de dizaines de milliers... nous sommes en Chine) de jeunes Chinois commencent à publier leur nouvelles, leurs romans, leurs articles sur leurs blogs, sur des forums, etc. Les éditeurs publient ensuite les textes qui leur semblent les plus intéressants - sans pour autant demander la suppression de l'existant ou exiger que l'auteur cesse de publier sur le web.

On peut y trouver de tout - souvent des romans, mais aussi des essais, notamment l'une des plus brillantes Histoires de la Dynastie Ming jamais écrite. La différence avec l'occident est surtout que le Web est vu comme le moyen de rendre un ouvrage populaire et de donner l'envie d'acheter le support physique. Comme on peut s'y attendre, les lecteurs en ligne les plus voraces sont également parmi les plus gros acheteurs.

mardi 6 mai 2008

Transports en Chine

Contrairement à ce que peut faire croire l'actualité récente, les transports en commun en Chine sont plutôt sûrs... Je tiens quand même à préciser pour ceux qui pourraient s'inquiéter que je ne prends jamais le train entre Beijing et Qingdao (patrie de la bière), ni le bus N842.

Les forums chinois bruissent de rumeurs, allant de l'état assez désastreux de certains bus de Shanghai (le panache fuligineux s'échappant d'un bus au démarrage laisse toujours rêveur sur la qualité de l'air) aux accusations contre les indépendantistes tibétains ou ouïgour (ethnie musulmane résidant dans le Xinjiang). Les médias ne précisent pas la marque du bus, son origine, et si un boycott contre le pays de fabrication est prévu.

A part ça mon blog (enfin, tout blogspot en l'occurrence - ça n'est pas dirigé contre celui-ci en particulier) est de nouveau censuré en Chine.

dimanche 4 mai 2008

Jardins Chinois

Donc, après avoir exprimé toute ma joie de vivre après avoir passé un dimanche au boulot, je peux commencer à parler de sujets nettement plus intéressants.

Par exemple les jardins chinois.

Jardin du Modeste Administrateur (Suzhou)

Pour les apprécier, il vaut mieux oublier toute notion occidentale de ce que peut être un beau jardin. Oubliez Versailles, Vaux-le-Vicomte ou Schönbrunn: les jardins chinois sont conçus par et pour des lettrés, et non pour des nobles soucieux d'impressionner leurs visiteurs. Ainsi, le Jardin du Modeste Administrateur (ci-dessus) fut-il créé pour être un lieu de recueillement et de repentance par un lettré exilé pour corruption.

Chaumière de Du Fu (Chengdu)

En fait, le but d'un jardin chinois est de reproduire une nature harmonieuse dans un espace réduit. Il existe bon nombres de règles nécessaires à l'aménagement d'un jardin. Ainsi, chaque jardin doit contenir à la fois des arbres, des plantes, des plans d'eau, des rochers aux formes évocatrices, des pavillons, des murs percés d'élégantes fenêtres, etc.

Jardin de la Cité Interdite (Beijing)

L'asymétrie est également extrêmement importante, ce qui nous mène bien loin de la conception occidentale des jardins, qui visent plutôt à créer une nature géométriquement et esthétiquement parfaite. On pourrait presque dire qu'on retrouve dans ces deux types de jardins l'opposition entre les systèmes de philosophie occidentaux et orientaux: l'idée platonicienne d'un monde parfait dont la nature ne serait qu'un reflet et que l'on tente de retrouver dans des jardins qui sont taillés à la perfection, et une conception taoïste du monde dans laquelle l'homme doit tenter de s'intégrer au monde extérieur.

Montagne artificielle dans le Jardin de la Forêt du Lion (Suzhou)

Une autre caractéristique très intéressante des jardins chinois est l'idée que la perspective que l'on a du jardin doit être différente si l'on se déplace un petit peu: on découvre le jardin et toute son harmonie en le parcourant, et il n'y a aucun endroit permettant d'en avoir une vision d'ensemble. Et cela est vrai même dans les plus petits jardins, comme celui du Maître des Filets à Suzhou (500 mètres carrés...) Rochers, arbres, murs et pavillons sont utilisés pour bloquer la vue et permettre au visiteur d'apprécier une différente perspective à mesure qu'il découvre le jardin. Là encore, nous sommes très loin de Versailles, où de grandes parties du jardin peuvent être englobées d'un coup d'oeil. Comme le disait une collègue chinoise à son retour de France: 'Mais quel est l'intérêt du parc de Versailles? On peut tout voir dès l'entrée du château...'

Fenêtres du Jardin Liu (Suzhou)

Dimanche matin, jour de boulot.

Jour de boulot, sauf pour les jeunes qui, en raison de la journée nationale de la jeunesse, ont le droit à une demi-journée de libre. Malheureusement il s'avère que je suis trop vieux pour passer pour un jeune.
L'accès internet de la boîte est en rade, ma station de travail souffre le martyr, et je ne pourrais commencer mes tests que l'après-midi. Autant dire que j'ai vraiment l'impression de perdre mon temps ce matin, les oreilles couvertes par mes écouteurs pour échapper à l'incessant papotage téléphonique de mes collègues. L'intranet de formation n'est pas accessible... ce n'est pas encore aujourd'hui que j'apprendrais ce qu'est l'UMTS (la technologie sur laquelle je bosse).
Je dois aussi confesser que j'ai l'estomac dans un état délicat suite à quelques abus vendredi soir, et l'abus de raviolis hier soir.
Donc je me retrouve là, devant mon éditeur de texte, tentant tant bien que mal d'écrire un billet pour mon blog que je pourrais poster dans la soirée.
Je pourrais éventuellement me réconforter en lisant le message de notre chère CEO (pardon, PDG) nous expliquant que nous sommes géniaux, que notre boîte va de mieux en mieux, en particulier ma branche. Malheureusement, les derniers articles des journaux généralistes et économiques à ce sujet sont loin d'avoir une perception optimiste de la réalité.
Bref, autant dire que ce n'est pas exactement la joie de vivre.

Bon, ce n'est pas une raison pour ne pas parler de choses largement plus intéressantes.
Les jardins chinois par exemple (voir article suivant).

vendredi 2 mai 2008

Wu Zetian

En attendant le petit tour dans les environs que je compte faire demain, je vais vous parler d'une charmante damoiselle, Wu Zetian.

Ne commencez surtout pas à vous poser des questions existencielles sur mes amours chinoises, la damoiselle en question vivait au temps des Tang (c'est à dire il y a quelques 1300 ans, ce qui ne nous rajeunit pas, loin de là). Et autant dire qu'elle fut un mélange d'Elizabeth 1ère (celle qui fit trancher la tête de Marie Stuard) et de Lucrèce Borgia. Une réputation d'infamie unique dans l'histoire de Chine, pourtant riche à ce sujet.

J'ai eu l'occasion d'en apprendre un peu plus sur sa vie lors de mon voyage dans le Sichuan quand nous nous sommes retrouvés à Guangyuan, au bout de la route de Shu, à l'intersection du Sichuan, du Shaanxi et du Gansu.

Guangyuan fait partie de ces nombreuses villes chinoises dont on ne connaît que le rôle économique. C'était aussi l'arrivée de la route de Shu, et nous étions donc en attente d'un bus pour revenir à Chengdu. Autant dire qu'on avait une après-midi à tuer. Or Guangyuan est surtout connu pour être la ville natale de Wu Zetian, et un temple lui est donc consacré.

Fille d'un proche de l'empereur Gaozu, premier empereur Tang, elle devint rapidement une des concubines de Taizong, réputé pour avoir été le plus grand empereur de la dynastie Tang. En fait, on considère même ce dernier comme le meilleur empereur chinois, et l'étude de son règne était au programme de tous les héritiers aux cours des dynasties suivantes, qu'ils soient Han (sous les Song, les Ming, et toutes les petites dynasties qui ont pu se disputer le pouvoir pendant les périodes de conflit) ou Mandchous (sous les Qing).

Wu Zetian et Gaozong

A la mort de Taizong, son fils Gaozong lui succéda. Il était déjà marié, et avait comme tout empereur une palanquée de concubines (tout cela était d'ailleurs très institutionnalisé - j'y reviendrais un autre jour). Wu Zetian ayant été une concubine du précédent empereur, et n'ayant pas eu d'enfant, elle était condamnée (suivant la tradition) à devenir nonne bouddhiste - les chrétiens n'étaient pas les seuls à vouloir envoyer les veuves au couvent.

Mais c'était une intrigante de première et, s'immisçant dans la lutte d'influence entre l'épouse de Gaizong et sa première concubine, elle parvient à rester à la cour. Sa sensualité lui valut de devenir très rapidement la favorite de l'empereur, dont elle eut bientôt un fils. Ce dernier mourut, très vraisemblablement à son instigation, et l'impératrice fut pour cela destituéee, puis remplacée par Wu Zetian. Ca vous pose tout de suite le personnage.

Elle prit par la suite peu à peu le pouvoir des mains de son mari, et on considère généralement qu'elle était l'unique dirigeante à la fin du règne de celui-ci. Et les historiens chinois, qui ont le plus souvent beaucoup de mépris pour elle, reconnaissent qu'elle fut une impératrice avisée.
Pendant tout ce temps, elle prit aussi garde à éliminer toute opposition, qu'il s'agisse des conseillers de son époux, des rivales potentielles, ou de la progéniture de ceux qu'elle avait fait exécuter. On retrouve aussi parmi ses victimes deux autres de ses fils qui tentaient de faire preuve d'indépendance à son égard.

Temple de Wu Zetian à Guangyuan

A la mort de son mari, l'un de ses fils, suffisamment docile pour n'être ni exécuté ni exilé, fut couronné empereur, et devint une marionnette dirigée par sa mère. A la mort de ce fils, Wu Zetian se couronna elle-même impératrice, fondant sa dynastie connue sous le nom de Zhou (en référence à l'une des toutes premières dynasties chinoises).

Elle fut ainsi la seule femme de l'histoire de la Chine à porter le titre d'Impératrice Régnante (Cixi, la mère du dernier empereur, régna aussi en temps qu'impératrice, mais ne fut jamais couronnée impératrice régnante). Elle transféra notamment la capitale de Chang'an (maintenant connu sous le nom de Xi'An) à Luoyang. Sa police secrète fit notamment régner la terreur parmi tous ceux qui ne se pliaient pas aveuglément à ses désirs.
Profondément bouddhiste, elle fut à l'origine d'une explosion de l'art bouddhiste à travers la Chine, notamment à Dengfeng, le Pic du Centre. D'autre part, son armée balaya certaines menaces pour l'Empire, notamment les kitans (tribu vivant dans le Nord-Est de la Chine, qui deviendra plus tard maître de Pékin et donnera à la Chine un nom qui perdurera des siècles... Cathay).

Bouddha de l'époque Tang

Elle fut finalement déposée par une conjuration, et l'un de ses fils (oui, elle en eut beaucoup) devint empereur et restaura la dynastie des Tang.

Selon les époques, son image fut diversement utilisée. L'histoire chinoise traditionnelle la dépeint comme une manipulatrice ambitieuse, dévoyée et sans scrupule, tout en reconnaissant ses talents de chef d'état. Mais elle fut également parfois utilisée par des femmes (comme l'épouse de Mao) qui désiraient prendre le pouvoir.

jeudi 1 mai 2008

1er mai à Carrefour...

Et oui, j'étais malheureusement en manque de café. Et par curiosité, je suis allé assister au fameux boycott du premier mai à Carrefour.

A vue de nez, les appels aux boycott n'ont rencontré qu'un succès très mitigé. Quelques chinois dévisageaient un panneau expliquant que notre champion français de la distribution était un ami des JOs et n'avait aucune opinion sur le Tibet. Le reste s'engouffrait dans le magasin pour faire ses emplettes. Pour être honnête, les Shanghaiens ne semblent pas avoir particulièrement la fibre nationaliste.

Sinon il fait 28°C, temps chaud et sec. Un bonheur.