jeudi 30 octobre 2008

Circulation Pékinoise

Je me sens d'humeur à continuer à raconter ma petite vie.

Comme le savent mes lecteurs de longue date, j'ai la chance, grâce à ma charmante secrétaire, d'avoir un appartement à quinze minutes à pied du boulot - le rêve pour quiconque a dû régulièrement affronté l'A86 ou la N118 aux heures de pointe.

Je traverse quelques résidences, à côté des plans d'eaux et des chinois pratiquant leurs exercices matinaux, qui avec des sabres, qui avec des éventails. Il m'arrive de longer une école proche et de voir tous les écoliers dans la cour se livrant eux aussi à leurs exercices matinaux rythmés par les haut-parleurs.
Je passe devant quelques petits restaurants, boulangeries (si, si), garages et autres spa.

Et là j'arrive à l'infâme carrefour de 广顺北大街 et de 望京北路, deux des principales rues de Wangjing. Quand je dis rues, je veux dire par là deux de ces 2x3 voies escortées de contre-allées dont l'une est alimentée (et alimente) l'un des périphériques de la cité. Autant dire un beau noeud de circulation. Nous sommes à Pékin, donc tout cela est géré par quelques feux tricolores auxquels on rajoute les règles usuelles de circulation en Chine: les feux ne comptent pas lorsqu'on veut tourner à droite (corrolaire de cette règle: quel que soit la ville de Chine où vous vous trouvez, un passage piéton est un lieu dangereux sur lequel la plus grande prudence est nécessaire).

Et chaque matin se déroule devant moi ce spectacle chaotique, comprenant taxis en retards, deux-roues en tout genre (vélos classique, mini-vélos, vélos électriques, scooters, motos) ayant pour point commun de considérer que le code de la route ne s'applique pas à eux et qu'ils sont invincibles, vélos tirant des carioles emplies à ras-bord, navettes amenant leur contingent d'ingénieurs dans les entreprises de télécommunications alentour, et piétons cherchant, envers et contre tout, à traverser au pas de course puisque les feux ne restent pas au vert suffisamment longtemps pour franchir ces rues en marchant. Tout cela au rythme assourdissant des klaxons.
Parfois, tout se calme lorsqu'un deux-roues est renversé et que son propriétaire voltige à quelques mètres (c'est objectivement rare, mais j'y ai déjà assisté - pas trop de dommage en général).

Il m'arrive aussi d'apercevoir des éléments plus exotiques: carioles tirées par des mulets, ou bien vélos tirant une remorque elle-même reliée au vélo de l'épouse tirant elle-même une seconde remorque: vive l'esprit de famille.

mercredi 29 octobre 2008

Il caille !!!

L'ami Mikael, for de sa longue expérience à Pékin, m'avait pourtant prévenu: la période entre le 15 octobre et le 1er novembre est particulièrement difficile dans la Capitale du Nord.

Certes, il fait plutôt chaud dans la journée: on peut encore sortir du bureau en chemise dans l'après-midi. Mais les nuits commencent à osciller entre le glacial et le polaire dans mon appartement. J'ai tout de même eu confirmation que le chauffage serait activé au 1er novembre dans mon immeuble... en attendant je me recouvre de pull-over et me calfeutre sous deux couettes en espérant de meilleurs jours.

jeudi 23 octobre 2008

Automne Pékinois

Les jours passent et se ressemblent en cette fin d'octobre. J'avais entendu dire que l'automne était la meilleure saison pour apprécier Beijing, et cela se révèle particulièrement vrai. Temps sec, ciel bleu, parfois même dégagé (je n'ai jamais autant apprécié la vue des collines encerclant la cité que ce matin).

On sent tout de même que l'hiver frappe à la porte: vent glacial et nuits fraîches sont désormais parties intégrantes du quotidien. Le chauffage central n'est pas encore activé, et les couches de draps supplémentaires sont déjà nécessaires. J'attends avec circonspection cet hiver pékinois dont nous a souvent parlé Mikee... quitte à aller faire un tour à Shenzhen ou à Sania au mois de novembre pour profiter de la plage.

lundi 20 octobre 2008

Ambiance post-olympique

Ca y est, l'esprit olympique semble avoir quitté Pékin.

Les drapeaux rouges ont enfin déserté magasins, restaurants et autres habitations. Il n'y a plus de petits groupes affublés de t-shirt Wangjing épiant tout un chacun à chaque coin de rue. Bien moins de policiers aussi.
Par contre on recommence à voir dans les rues des vendeurs de brochettes et de snacks en tout genre. Les vieilles dames tirant leurs charettes emplies de quantités monstrueuses de cigarette ont aussi fait leur retour. Les prix semblent baisser (ça, c'est peut-être aussi dû à la comparaison avec la France).
Evidemment, ça signifie aussi qu'on ne peut pas faire cinquante mètres à 三里屯 (Sanlitun, une des deux grandes concentrations de bars, restaurants et boîtes de nuit de Pékin) sans recevoir trois propositions de type "Ladies' bar", "Beautiful Ladies", "Massage"...

En tout cas, l'ambiance devient sacrément plus respirable de mon point de vue (l'air beaucoup moins... finalement il semble que les mesures anti-pollution aient eu un effet). Je vais enfin pouvoir découvrir ce à quoi ressemble vraiment Pékin sans l'agitation des mois précédents.

samedi 18 octobre 2008

Difficile réadaptation

Il suffit d'un mois en France pour oublier certains automatismes ou notions typiquement chinoises.

Par exemple, la taille des plats.

Il y a non loin de chez moi deux petits restaurants (on dira des cantines): l'un s'appelle 杭州小吃 (snacks de Hangzhou), l'autre 成都小吃 (snacks de Chengdu). J'y ai mes habitudes le midi, et souvent le soir à emporter. Les menus sont bien entendus en chinois, et avec bien peu de photos (on parle de cantine, là). Autant dire que j'ai repéré avec attention les plats qui me convenaient le mieux, et que j'évite les expériences douteuses... un caractère peut faire la différence entre un plat de poulet parfaitement honnête et un autre rempli d'intestincs.

J'avais hier soir plutôt envie de poisson et de piment (curieuse combinaison certes, mais que j'apprécie parfois). Jetant un coup d'oeil sur les photos affichés, je repère un plat composé de poisson (鱼), bouilli ou à la vapeur (je reconnais 水, l'eau). Et vu les couleurs sur la photo, je n'ai pas d'inquiétude sur la dose d'épice (et puis c'est tout de même un resto sichuanais).

Je commande donc, m'assieds, observe les gens autour de moi: quelques étudiants, des treillis ça et là (il doit y avoir aussi des surplus dans l'armée de libération du peuple). Soupes, vermicelles de pomme de terre, viande sauté et autre 白酒 (alcool blanc infâme) apparaissent et disparaissent presque aussitôt sur les tables. L'heure passe et mon plat n'arrive toujours pas. Je commence à m'inquiéter quelque peu, me demandant tout de même ce que j'avais pu commander... Au bout d'une petite demi-heure (et tous ceux qui ont déjà été dans ce genre de resto ont une idée de ce que peut représenter une demi-heure pour préparer un plat), je vois arriver un sac gigantesque, rempli d'eau, de poisson et de piment... de quoi nourrir quatre personne sans problème.

Et me voilà sur le chemin du retour, me sentant un peu bête avec mon sac de poisson. Coup de chance, le sac a tenu jusqu'à l'arrivée au bercail, le temps de verser tout ça dans une marmite:


Je n'ai pas eu de problème pour dormir après ça...

mercredi 15 octobre 2008

Après un mois en France...

Me voilà de retour sur les terres pékinoises.

Le retour en France m'a fait du bien. Il a fallu pas mal de réadaptation. Le décalage horaire, bien sûr. Les bonnes choses: comprendre les gens de la rue, ne pas être obligé de négocier la moitié de ses achats, vivre dans des lieux silencieux, découvrir des open-spaces quatre fois moins denses, retrouver le goût de la viande saignante, du fromage et de la charcuterie.
Les mauvaises surprises aussi: la voiture en banlieue est une épreuve toujours aussi atroce. Les compagnies de téléphonie mobiles s'empiffrent joyeusement sur l'utilisateur ('quoi? Mais pour le prix d'une carte SIM j'ai la même en Chine avec dix heures de communication'), les pétrolières également (ou comment dépenser l'équivalent d'un SMIC chinois en deux semaines de transport).

Dans tout ça j'ai tout de même eu le plaisir de revoir ma chère Paris (et de découvrir la Nouvelle Athènes), de faire un tour dans les Alpes, de visiter mon lit (pour cause de grippe) et les abbayes bourguignonnes (en cas de beau temps). J'ai fait l'expérience du GPS de nuit, dans la pluie et la brume, le long du chemin des Grenouilles et des sentes incertaines. Mon sac-à-dos à souffert de mes incursions chez Scylla, haut lieu de débauche littéraire devant l'éternel. Et je me suis rendu compte de la vivacité des couleurs d'automne, si intenses comparées à celles de Chine.

En attendant la suite de mes pérégrinations pékinoises...