jeudi 4 novembre 2010

Chocs des titans de l'internet chinois...

L’industrie des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication – ce qui regroupe plus ou moins toutes les entreprises d’informatique, électronique et télécoms) est en général un univers feutré, dans lequel les affrontements entre mastodontes restent courtoises – au point que les quelques piques de Steve Jobs contre Adobe ou de Larry Ellison contre tout un chacun font la une des journaux spécialisés. On se lance des procès réciproques pour violation de brevets, on s’achète et se rachète, mais tout cela reste finalement assez transparent pour l’utilisateur final.

La Chine est, dans ce domaine, un monde à elle toute seule, avec bon nombre d’entreprises de taille comparable à leurs homologues américains (l’Europe est en général hors du coup dans ce domaine) ne vivant que du marché intérieur : si Lenovo est un peu connu pour avoir racheté l’activité PC d’IBM, qui en-dehors de l’Empire du Milieu a entendu parler de Baidu, Sina, 360, Xunlei, Renren, Taobao ou Tencent ? La plupart de ces mastodontes comptent pourtant des centaines de millions d’utilisateurs et de clients. Et n’ont pas exactement les meilleurs rapports du monde.

A ma droite à l’heure actuelle nous avons donc Tencent, particulièrement connu pour son programme de messagerie instantanée QQ, dérivé de l’ancêtre ICQ. C’est de très loin le client de messagerie instantanée préféré en Chine, je ne crois pas avoir rencontré quelqu’un qui n’ait un compte QQ (d’ailleurs souvent considéré comme l’un des meilleurs moyens de drague lorsqu’assisté par un traducteur automatique… mais je m’écarte du sujet). L’une des particularités de QQ est d’avoir réussi à monétiser tout un tas de service qui sont gratuits chez l’ensemble de ses équivalents (l’utilisation d’avatar, la création de groupes d’utilisateurs partageant un espace disque, etc.) Ajouter à cela une plateforme de jeu online, un univers virtuel à la Second Life (avec sa propre monnaie, le Q, équivalent à 1 RMB), un réseau social, des services de streaming peer-to-peer (en Chine le p2p est une technologie très développée), et vous obtenez une entreprises de dix ans d’âge comptant un milliard de clients.

 
A ma gauche, 360, éditeur d’un logiciel anti-virus, anti-spyware, anti-trojan extrêmement populaire – 300 millions d’utilisateurs en Chine continentale. Egalement éditeur d’un navigateur web très utilisé (et oui, il n’y a pas qu’IE, Firefox, Chrome et Safari…)


Tout a commencé en septembre dernier, lorsque 360 a publié un bulletin d’alerte indiquant que le service de messagerie de QQ scannait le disque dur de tous les utilisateurs et en extrayaient des infos confidentielles pour les renvoyer à la maison mère. Les injures ont commencé à pleuvoir entre les deux compagnies.

La tension est montée d’un cran la semaine dernière lorsqu’une mise à jour du 360 Scanner a commencé à bloquer l’accès aux sites web de QQ. Dans la foulée, une mise à jour assez violente de QQ affiche en plein écran des messages dénonçant 360, et désactivant la messagerie chez tous les utilisateurs de cet anti-virus. Les malheureux netizens sont alors sommés de choisir : laisser tomber la sécurité (360 est un outil très fiable) ou bien ne plus pouvoir chatter avec ses amis (QQ étant la messagerie par excellence). Pendant ce temps-là, les concurrents divers et variés (MSN Messenger, Kaspersky, etc.) fourbissent leurs armes et proposent des solutions alternatives à tous ceux dont le bureau est transformé en champ de bataille, etc. Chacune des sociétés prépare dans son coin sa propre alternative à l’autre, et les

Les échanges au boulot peuvent aussi être assez saignants entre les pro-QQ et les pro-360…

Aux dernières nouvelles, les choses sont en train de rentrer dans l’ordre…