samedi 25 septembre 2010

Taishan, le pic de l'Est

  Taishan (ou 泰山 pour les sinophiles) est l’une des cinq montagnes sacrées chinoises. Située au sud-est du Shandong, elle est considérée comme la plus importante des cinq, car située à l’Est et symbolisant l’aurore et le renouveau. 


Temples du Taishan
  Dans la tradition chinoise, l’Empereur est censé avoir reçu un mandat du ciel pour diriger l’Empire. Il est donc tenu de rendre compte aux Dieux de son action. Cette tradition fut instituée par le premier empereur, Qin Shi Huang. Elle ne fut suivie que par cinq empereurs par la suite.
Deux raisons à cela. D’une part, le pèlerinage jusqu’au Taishan est un voyage éprouvant – un millier de kilomètres jusqu’à Xi’an, sans oublier l’ascension périlleuse. D’autre part rares furent les empereurs ayant la conviction (ou l’arrogance) de s’être correctement acquitté de leur tâche.
  Pour les personnes intéressées, qui voudraient se replonger un peu dans l'histoire chinoise, les empereurs en question furent:
  • Han Wudi, qui fut l'un des grands artisans de l'expansion chinoise, et repoussa sans cesse les raids des nomades d'Asie Centrale
  • Han Guangwudi, brillant stratège qui reconstruisit l'Empire après la chute des Han de l'Ouest
  • Tang Gaozong, l'époux de Wu Zhetian (qui s'y rendit d'ailleurs avec son épouse)
  • Tang Xuanzong, qui conduisit l'Empire à son apogée, mais fut aussi responsable de son déclin en donnant trop de pouvoir aux gouverneurs militaires
  • Song Zhenzong, qui consolida le pouvoir de l'Empire après des siècles de guerre civile, mais signa également les traités qui conduisirent à la soumission progressive de l'Empire aux Khitans

Tablette impériale
  La montagne elle-même culmine à plus de 1500 mètres, au pic de l’Empereur de Jade. Il s’agit néanmoins de la seule montagne dans une région de plaine et de petites collines, ce qui la rend impressionnante dans le paysage. Au pied de la montagne se trouve un temple, comprenant notamment le Palais du Don du Ciel, l’un des trois bâtiments majeurs de l’architecture chinoise. Nombreux sont les pèlerins ou simples touristes qui s’y rendent encore aujourd’hui pour y brûler les premiers bâtons d’encens du trajet. Tous les empereurs ayant eu le courage de monter en haut du Taishan ont eu à cœur par la suite d’y imposer leur marque, par des tablettes sur lesquels étaient relatés leurs hauts faits.
 

Palais du Don du Ciel
L’ascension elle-même est spectaculaire et éprouvante. Des kilomètres d’escaliers, parfois au bord du vide, ponctués d’oratoires devant lesquels prient les pèlerins. Petit détail coquin : il est interdit de transporter briquets ou allumettes, soit disant pour protéger la forêt et empêcher les incendies. Les bâtonnets d’encens sont donc allumés par le personnel touristique…moyennant finance à chaque arrêt.

Inscriptions à flanc de montagne
  Arrivé au sommet, bon nombre de temples et de restaurants attendent le voyageur fourbu, qui peut apprécier enfin la vue sur l’ensemble de la région. 

Vue du sommet
  L’hébergement au sommet est des plus spartiates généralement. Je me suis retrouvé par un étrange concours de circonstance à dormir dans un des camps de l’armée de l’air, au sommet de la montagne. Une nuit d’hiver au sommet d’une montagne après une longue ascension, sans chauffage ni eau courante est une expérience éprouvante.

J'ai bien dit, base de l'armée de l'air...
  Le petit matin est l’occasion d’assister au lever du soleil du haut du pic de l’Est. Expérience quelque peu dangereuse, puisqu’il faut affronter de nouveaux les marches couvertes de givre et le vent parfois violent. Mais la vue compense bien toutes ces péripéties.

Lever de soleil depuis le Pic de l'Empereur de Jade
  Quelques petites informations pratiques pour les téméraires qui voudraient tenter l’expérience et se retrouverait sur cette page via Google ;) Il existe des trains directs depuis Shanghai et Pékin (les trains rapides type D mettent 3 heures et demi pour le trajet depuis Pékin, 7 heures depuis Shanghai). La destination est Tai’an (泰安), ville située au pied du mont. Le bus numéro 3 vous amène au temple. Un bus relie l’entrée du temple et le mi-sommet. Un télécabine, particulièrement impressionnant, part de là jusqu’au sommet (utile notamment pour éviter de redescendre par les escaliers). Comme souvent en Chine, l’accès à la montagne est payant, de l’ordre de 140 yuans en haute saison et 120 en basse saison (de début janvier à mi-février… très courte basse saison).

  Et pour ceux qui se posaient la question, les cinq montagnes sacrées chinoises n’ont rien à voir avec les Cinq Pics sur lesquels veille le vieux maître et où Shiryu remporte l’armure du dragon. La montagne en question existe réellement, mais se nomme Lu Shan (庐山) et se trouve dans le Jiangxi à mille kilomètres au sud (et pour plus d’information, c’est par là : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lu_Shan)

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