mercredi 9 juillet 2008

Introduction à l'histoire chinoise - Troisième partie: du triomphe mongol à la déchéance mandchoue

Le temps est venu de terminer cette petite introduction à l'histoire chinoise. Pour ceux qui auraient manqué le début, les deux premières parties sont disponibles ici:
Première partie: de l'âge de bronze à la dynastie Sui
Seconde partie: de l'avènement des Sui à la chute des Song

Comme l'annonce le titre, les six cents dernières années de l'Histoire chinoise ont surtout été dominées par des pouvoirs non-Han. Ce sera aussi l'avènement de Pékin comme centre politique de l'Empire, alors même que cette cité n'aura eu qu'une importance très limitée dans le passé.

- En 1279, les Mongols ont donc définitivement annihilé les Song. Leur Khan est Kublai Khan, parfois appelé Khubilai. Assimilant quelques us chinois, il crée sa propre dynastie, les Yuan. Il fait construire une nouvelle capitale à Beijing. Il conquiert par la suite Canton, le Tibet et le Yunnan, mais les tentatives de conquête du Vietnam, de la Birmanie ou du Japon échouent. L'ancienne bureaucratie est conservée, mais le système d'examens nationaux est supprimés et les Han sont tenus loin du pouvoir (à l'exception paradoxales des zones dans lesquels les autres ethnies sont majoritaires).

Le règne mongol fut assez court. Le ressentiment chinois se manifesta par une série de révoltes, qui se termina par l'avènement d'une nouvelle dynastie, les Ming, fondée par un paysan et moine bouddhiste défroqué, Zhu Yuanzhang, en 1368.

L'apport des Yuan à l'histoire chinoise est assez paradoxal. Ils détruisirent une grande partie des bâtiments, temples et palais classiques, si bien qu'il ne reste guère de vestiges antérieurs à leur dynastie. Dans le même temps, c'est aussi la période durant laquelle l'Empire fut le plus étendue, de la Sibérie à l'Indochine, de la Corée à l'Afghanistan. De plus, la Route de la Soie, fermée à la fin des Tang, fut rouverte à cette époque.


- 1368 marque donc le début de la dynastie des Ming. Zhu Yuanzhang, connu par la suite sous le nom de Hongwu. La capitale est transportée à Nanjing.
C'est le début d'une période de grands travaux, notamment la construction du mur de Nanjing, et surtout la restauration de la Grande Muraille, tombée en ruine après 1500 ans.

Fortifications de Nanjing

A la mort de Hongwu, une guerre de succession va donner le pouvoir à l'un de ses fils, Yongle. C'est lui qui transfèrera de nouveau la capitale de Nanjing à Beijing, et fera construire la Cité Interdite. L'histoire se répète quelque peu, puisque, au XXème siècle, la capitale de la Première République sera d'abord Nanjing avant d'être déplacée à Beijing.

La Grande Muraille

La plupart des traditions chinoises sont restaurées, notamment les examens nationaux. Après Hongwu et Yongle, le pouvoir sera principalement entre les mains du gouvernement, l'Empereur ayant pour rôle principal de choisir un bon premier ministre. Cette situation atteint son paroxysme durant le règne de l'Empereur Wanli: le gouvernement ayant refusé son fils préféré comme successeur, cet empereur s'est enfermé pendant vingt ans dans la Cité Interdite, refusant de signer le moindre document. Cela n'a pas empêché l'Empire lui-même de continuer à prospérer.

Intérieur du tombeau de Wanli

D'un point de vue technologique, cette époque est également celle d'un grand conservatisme: c'est à partir de ce moment-là que la Chine, alors beaucoup plus avancée que les autres civilisations, commencent à accuser du retard par rapport à l'Europe.

Cette époque fut également celle de l'invasion japonaise, commandée par Hideyoshi. La majeure partie des combats aura lieu en Corée, souvent considérée par ces deux puissances comme un terrain de jeu de prédilection. L'histoire se répète...

La fin de la dynastie Ming fut aussi marquée par la puissance sans précédent des eunuques.

Durant cette période, les Mandchous, qui ont assimilés les Mongols, constituent la principale menace pour l'Empire. C'est d'ailleurs en partie pour cela que Yongle transfère la capitale à Beijing. A la suite de révoltes paysannes et de la rébellion d'un général, les Mandchous finiront donc par prendre le pouvoir et s'installer en tant que dynastie Qing en 1644.


- Les Qing contrôlent rapidement l'ensemble de l'Empire. Un petit groupe de fidèles de la dynastie Ming s'enfuira vers Taiwan (il me semble avoir déjà dit que l'histoire se répétait...) mais sera par la suite vaincu.

La capitale reste à Beijing, et la Cité Interdite reste le centre du pouvoir. Le pouvoir reste néanmoins entre les mains des Mandchous, et les Han ne peuvent accéder aux plus hauts postes. Par ailleurs, le costume Qing (avec la fameuse natte) est rendu obligatoire.

La Cité Interdite, centre du pouvoir Ming et Qing

Le gouvernement est nettement plus contrôlé que sous les Ming, ce qui se révèlera à double tranchant: sous les empereurs les plus puissants, l'Empire sera mieux dirigé. A l'inverse, un empereur faible signifiera un affaiblissement beaucoup plus conséquent. Kangxi et son petit-fils Qianlong contribueront à l'affermissement du pouvoir, ainsi qu'au développement des arts. C'est aussi à cette époque que le christianisme s'installe en Chine, notamment sous l'influence de jésuites tels que Matteo Ricci (c'est également l'époque de Xu Guangqi)

Le XIXème siècle marque le déclin des Qing et de l'Empire. De nombreuses révoltes (Lotus Blancs, Royaume du Ciel) mettent en déroute l'armée. Les nations occidentales, à la faveur de victoires militaires, notamment durant la guerre de l'opium, gagnent des concessions dans le pays (à Shanghai et Qingdao notamment), voire des territoires (Hong-Kong, Macao), notamment en raison du retard technologique.

Jardins de Chengde, résidence de chasse des Empereurs Qing

Les dernières années de l'Empire portent notamment le sceau de Cixi. Concubine de cinquième rang, puis impératrice douairière, gloutonne et machiavélique, elle permit néanmoins à l'Empire de perdurer, jouant à merveille avec les différentes factions réformatrices et conservatrices de la cour.

Le gouvernement est néanmoins tellement faible dans ses derniers jours qu'une révolte mineure, menée par Sun Yat Sen en 1911, marquera la fin de l'Histoire Ancienne et le début de la Première République.

2 commentaires:

Mirabelle Aurea a dit…

J'aurais appris pas mal de choses sur l'histoire de la Chine avec ces trois billets. Jusque là, sortie de la période des royaumes combattants, je ne savais pas grand chose avant l'histoire "moderne".

Merci pour tout ce travail. ^^

Unknown a dit…

Coucou Aiko,

Heureux d'avoir pu être utile à quelque chose :) Et maintenant je vais pouvoir commencer à parler des choses vraiment intéressante (empereurs dépravés, trqditions étranges, concubines ensorcelantes et légendes de tout poil...)