jeudi 9 août 2007

Une femme sans histoires

Attention, attention, prière de ne pas s'emballer sur le titre.

Il y a des jours comme cela où on a envie de tenter des expériences. Par exemple, lorsqu'on va dans un des petits restaurants du quartier dont on a l'habitude, et qu'au lieu d'en rester raisonnablement à la carte en anglais, on décide d'explorer le menu chinois. (Je précise: un certain nombre de restaurants ont, en plus de leur menu normal, une carte plus réduite traduite en anglais, à destination des touristes et autre lao wai)
Bref, me voilà donc à regarder les photos, sous l'oeil attentif des deux serveuses qui m'entourent (oui, elles avaient besoin d'être deux pour prendre ma commande. Il y a en général beaucoup plus de serveuses dans les restaurants en Chine qu'il n'y en a en France) Je passe un petit peu tout en revue et finit par choisir un plat qui me semblait appétissant.
Et là, il faut croire que Dame Fortune était partie voir ailleurs.
Présenté dans un bol, de façon très artistique, on trouvait un mélange improbable de champignons noirs au goût vaguement réglissé, et surtout une viande dont je préfère à jamais ignorer l'origine, mais dont la forme et la texture me rappelait furieusement les gencives de porc. Le goût était ignoble.
Suite à ça je me suis promis d'en rester aux plats clairement identifiés pour un certain temps.

Sinon, vous vous demandez peut-être ce que signifie le titre de ce post. Il s'agit tout simplement du roman que j'ai terminé hier après-midi en allant rechercher mon passeport avec visa de travail longue durée. C'est l'histoire d'une femme de la quarantaine, écrivain et divorcée de son état, dont la vie tout ce qu'il y a de plus ordinaire se trouve bouleversée quand son dernier manuscrit est saisi par une officine du Ministère de l'Intérieur sans raison apparente. Se mêle à cela le meurtre d'une de ses voisines, Eleanor.
Et on voit ainsi se dérouler la vie d'Alice (puisque c'est le nom de l'héroïne), commençant à découvrir l'histoire d'Eleanor aux travers des lettres que celle-ci a laissé, de tous les souvenirs qu'elle a d'elle et qu'elle tente de réinterpréter, de ce que peuvent en dire les gens qui l'ont connu.
Entrelacé à ce récit, on retrouve les souvenirs du fils d'Eleanor, avec qui elle entretenait d'étranges rapports, et qui semble parfois incapable de distinguer la réalité de son univers intérieur.
Et au milieu de tout ça, le lecteur, qui cherche à réunir tous ces éléments disparates pour comprendre ce qui relève de la réalité ou du fantasme.
Le roman est, comme d'habitude avec Priest, très bien écrit. L'auteur s'ingénie surtout à faire ressortir les aspects les plus triviaux de la vie quotidienne (le paragraphe d'ouverture est à ce niveau là particulièrement réussi) tout en y distillant les indices nécessaires à la compréhension.
S'il est possible de se faire une idée de ce qui a pu réellement se passer, il reste néanmoins énormément de zones d'ombre. J'imagine que, à l'instar de "La séparation", je relirai l'ouvrage pour traquer tous les indices pouvant dévoiler l'ensemble du mystère.

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